dimanche 5 mai 2013

Histoire 1 : Isidore s'évapore



Il était une fois un enfant appelé Isidore qui vivait à proximité d'un lac et d'une montagne. C'était un enfant rêveur qui passait son temps libre près de l'eau.




L'eau lui plaisait car à chaque fois qu'il penchait la tête vers elle, il se voyait à sa surface. Heureusement qu'il avait des lunettes car sans elles, il aurait bien du mal. En tout cas, même si parfois il avait oublié de se peigner le matin, même s'il avait du chocolat autour de la bouche, il se trouvait beau et cela le rendait heureux. 



Un jour, à l'école, la maîtresse raconta tout un tas d'histoires sur l'eau. Elle disait que la neige, la glace et la pluie, c'est la même chose. C'est-à-dire de l'eau. L'eau peut se transformer un peu comme elle le veut... Parfois même, il paraît qu'on ne la voit pas. C'est quand elle s'évapore. Isidore se demandait bien ce que voulait dire ce mot. Tout ce qu'il avait compris, car il l'avait déjà vu, c'était que lorsqu'il pleut et que des flaques gisent sur le sol, ces dernières finissent par disparaître. 



Une autre chose étonna Isidore pendant ce jour de classe : la maîtresse avait dit que les hommes sont presque entièrement faits d'eau. 70%. Ce nombre non plus, Isidore ne l'avait pas bien compris... Mais une idée lui trottait dans la tête : s'il était lui aussi fait avec de l'eau, pouvait-il devenir invisible, ou disparaître ? 




Les jours suivants, Isidore partit sans donner de nouvelle. Tout le monde le cherchait : ses parents, sa petite soeur, sa maîtresse, ses copains. Les policiers aussi. Mais impossible de le trouver. 



En fait, Isidore s'était caché dans un coin peu fréquenté, près du lac. Il restait là, assis, immobile, et attendait pour voir si lui aussi pouvait disparaître.




Un jour passa, deux jours, trois jours. Isidore commençait à devenir très faible et fatigué mais il n'en démordait pas : il voulait voir s'il finirait par devenir invisible, ou autre chose.



Au bout d'un moment, sous un soleil brûlant, Isidore sentit qu'il transpirait beaucoup, beaucoup. Il n'avait pas pris de crème solaire, et sûrement que sa mère l'aurait grondé. Mais là tant pis, elle n'était pas là. 



Ce qui se passa alors lui fit oublier tout le reste : il commençait à s'évaporer. Petit à petit, son corps se dispersait dans l'air par petites gouttes, petites bulles, ou petites paillettes, il ne savait pas trop. En tout cas cela ne lui faisait pas peur, et il ne bougeait pas. 




Le lendemain, à l'endroit où Isidore était resté immobile, il ne resta que ses lunettes. Il avait bien fini par s'évaporer et il pouvait voir tous ceux qui le cherchaient. Mais malheureusement, eux, ne le voyaient pas. 



Lui non plus d'ailleurs, ne voyait plus vraiment son reflet dans le lac. Il regretta tout ça et il décida alors d'attendre à nouveau pour essayer de revenir. 



Cette fois, on aurait pu dire qu'Isidore pleuvait, en plus des gouttes de pluie.



Pour vérifier qu'il était bien redevenu comme avant, il jeta un coup d'oeil à la surface du lac. Pas de doute, il était bien là, et toujours aussi beau de surcroît.